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Le capitalisme ou la tentative de désamorçage de la question sociale

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Adam Smith, a formulé l'idéologie libérale dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776
Adam Smith, a formulé l’idéologie libérale dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776

Formulée par Smith, l’idéologie libérale est développée par Ricardo et Say. Le libéralisme économique confère une importance particulière à la liberté de l’individu, devant être prégnante dans l’ordre de la production et du travail. Le travail est perçu comme une marchandise, dont la rémunération équivaut au minimum nécessaire à l’entretien de l’ouvrier. La concurrence, dans le domaine de l’embauche comme dans celui de la production, stimulerait l’économie. Ainsi, les échanges internationaux doivent être régis par le libre-échange. Pour les libéraux, la réussite sociale est l’affaire de chacun. Chaque individu devrait pouvoir jouir de la liberté d’entreprendre et s’enrichir grâce à celle-ci. Les classes laborieuses sont alors jugées responsables de leur malheur de par leur progéniture pléthorique et leur déficit d’amour pour le travail.

Face à cette théorie s’élève des voix qui récusent sa pertinence : le socialisme naît. Il vise une répartition équitable des richesses. Cabet et Fourier s’étaient figurés des sociétés idéales. Aussi, les socialistes « scientifiques » définissent en termes de « lutte de classes » l’affrontement entre capitalistes et prolétaires. Le marxisme propose une mutation de la société basée sur la suppression de la propriété privée et l’anéantissement de la bourgeoisie capitaliste. Pour y parvenir, Marx prône une révolution, suivie d’une « dictature du prolétariat ». Il fondera d’ailleurs l’AIT en 1864, pour fédérer les ouvriers et donner une cohérence aux revendications. Graduellement, les ouvriers s’organisent en syndicats pour faire valoir et crédibiliser leurs actions. Les Trades Unions fondent en 1865 le CTU, des regroupements créent l’AFL aux Etats-Unis ou encore la CGT. La revendication de meilleurs salaires et la diminution de la journée de travail est un dénominateur commun de ces mouvements. Le 1er mai, journée internationale du travail célébrée à partir de 1890, marque l’avènement des revendications. Les partis socialistes sont également enclins à critiquer le capitalisme via l’entretien de relations aussi étroites que complexes avec les syndicats. A cet égard, la SFIO naît en 1904 de la fusion d’une nébuleuse de partis socialistes.

Face à une contestation grandissante, des aménagements du libéralisme sont à l’oeuvre. Dès le XIX° siècle, des patrons souhaitent améliorer le sort de leurs ouvriers. Ils s’attèlent à résoudre le problème du logement, en témoigne la création de cités ouvrières à leurs instigations. Ils institutionnalisent des structures d’encadrement, allant des magasins de vivres aux écoles. Ces pratiques permettraient d’attirer puis fixer la main-d’oeuvre, bien que rapidement décriées par les ouvriers, car limitant leur indépendance à l’égard de leurs employeurs. Une législation sociale est élaborée. Les lois majeures concernant la protection sociale sont adoptées avant la Première Guerre Mondiale, visant à réguler le travail des femmes et enfants. Mais à partir de 1914, les idéologies du premier âge industriel traversent une crise. La crise de 1929 participe au renforcement de cette tendance : la Grande -Bretagne renonce au libre-échange en 1932. Dès lors, des projets nouveaux naissent, notamment celui de Keynes qui dénonce, tout en prônant un libéralisme tempéré, les limites du marché, ou encore celui de De Man, jetant les bases d’une économie mixte, fondée sur la coexistence entre secteurs public et privé.

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